Ghost.
Je me présente : Pessimiste, défaitiste, fataliste, et autres adjectifs négatifs en -iste.
Mon prénom est Desespérance, j'habite en plein centre de l'Angoisse et je suis déjà morte.dessin pas forcément très au point mais l'idée est là...
Ma vie fut écrite par un Nègre pour cause d'état léthargique et par manque d'initiative. Il m'a filé une dégaine de sauterelle désarticulée, les cheveux d'un ange déchu, les yeux d'un hippie junky des 70s et les seins de Jane Birkin.
Passé cette description physique alléchante, il s'empressa de barricader mon esprit par ce qu'on appelle la Timidité, mais pas la gentille timidité que tout le monde ressent un jour ou l'autre, non, la timidité qui fera de moi un cas social. Ajoutez à cela une pincée de discrétion, un zeste d'asocialité, un filet d'humour douteux, relevez le tout avec un peu de misanthropie fraîchement cueuillie, cuisez le tout dans une marmite de solitude et c'est l'évolution d'un écrivain sous-traitant en grand chef cuisinier digne de Mc Donalds.
Le goût s'avèrant trop amer il décida d'ajouter un ingrédient précieux, telle la truffe sur des pâtes trop cuites ou encore le caviar sur un blini made in Aldi. Cet élèment s'appelle une passion, chose que, j'ose espérer, chacun d'entre nous possède. Rien de transcendant, quelque peu banale, cette fameuse passion consiste à dépuceler un support vierge, en faisant des trucs qui ressemblent à des trucs, on appelle cette action dessiner. La trame s'esquissa alors, j'étais enfin "douée" en quelque chose (réservons le terme "don" à des personnes de l'acabit de Leonard de Vinci). Ni une, ni deux, l'écrivain maladroit m'embarqua dans un merdier pas possible : vivre de ma passion. Me réjouir ou mourir, telle est la question. Faire de sa passion sa vie : suicide prémédité pour certains, chance absolue pour d'autres, inutile de préciser que je fais partie de la première catégorie.
La truffe devint Amanite tue-mouches, ce qui était censé me revigorer par sa gloire se transforma en poison mortel. De l'alchimie que je n'ai pas su maitriser et qui s'est inversée, pour se renverser sur moi. Les raisons ? Se battre, se faire refouler et ne plus avoir la force. L'avenir incertain tout comme le talent. Mon ghostwriter a pris congé à ce moment-là, ne sachant plus quoi inventer pour me faire avancer. Désormais je ne vis plus, je ne sais même pas si j'ai déjà réellement vécu. Mon esprit erre en attendant de ressuciter mon corps, de réssuciter mon histoire, de réssuciter l'espoir. Il m'a légué ses outils de travail, la feuille devant moi, le stylo en main, je ne sais par où continuer...
Il m'a tuée en trois points de suspension...